Quand le doute s'installe...[Akiya]

La vie ne fait pas de cadeau dit-on. Et pourtant, elle venait dans faire un très beau à Yuki en l’envoyant ici. Quoi de mieux pour lui que de le libérer de toutes ces contraintes qu’apporte la haute société anglaise. Là, au moins, personne ne le reprendras sur sa façon de tenir sa fourchette ou encore sur sa façon de se comporter devant telle ou telle personne. Oui. Libre. C’est-ce qu’il était à ce jour. Il sourit et sortit une sucette à la fraise de sa poche, en retira l’emballage et la porta à sa bouche. Sa grand-mère avait été exaspéré par la quantité de sucre qu’il pouvait avaler en une journée. Mais lui, tant qu’on ne lui confisquait pas sa réserve de sucreries, il se moquait bien de ce que l’on pouvait lui dire. Il regarda le paysage d’un air rêveur. Il faisait beau et l’air frais faisait voler ses mèches de cheveux. Il sortit la sucette de sa bouche et poussa un petit soupir de contentement. Le voyage en bateau était bientôt fini et il arriverait bientôt dans son nouveau chez lui. Il croqua le dernier bout de sa sucette et alla jeter le bâton à présent dépourvu du morceau de sucre dans une poubelle. Il revint ensuite s’accouder sur le rebord du bateau, plongeant son regard dans le ciel dépourvu de nuages.
Un peu plus tard, il descendait du bateau, avec pour seul bagage, un petit sac de voyage. Sa grand-mère avait préféré lui envoyer ses affaires une fois qu’il serait sur place plutôt qu’il se balade avec ses valises. Elle avait beau ne pas supporter sa présence, elle ne voulait pas que son petit fils s’abîme le dos en portant des valises trop lourdes pour lui. Il était plutôt content de cette décision, il détestait s'encombrer de bagages. Il se mit donc tranquillement en route, sans se presser.
Après plusieurs minutes de marche, il arriva enfin devant le portail du pensionnat. Il se sentit alors bizarrement intimidé. Il se retrouvait seul et c’était la première fois qu’il était lâché dans la nature. Il sortit une nouvelle sucette mais à la cerise cette fois. Il enleva l’emballage et la mit de suite dans sa bouche. Il leva ensuite le regard sur la bâtisse qui se dressait de l’autre côté du portail. Portail qu‘il ne se décida pas à franchir, restant devant, un air pensif sur le visage. Finalement il se demanda s’il était capable de franchir le cap. De sauter le pas et de commencer sa nouvelle vie. Après tout, c’était la première fois qu’il allait aller à l’école. Personne ne passera derrière lui pour faire son lit, ramasser son linge sale ou encore débarrasser la table alors qu’il venait à peine de finir de manger. Tout à ses pensées, il tritura sa boucle d’oreille. Il s’était fait percer l’oreille pas longtemps après avoir débarqué chez sa grand-mère et il était satisfait du résultat.C'était le premier acte décidé de lui-même qui n’aurait pas été approuvé par ses parents. Il continua son observation du pensionnat à travers la grille, il n’osait toujours pas entrer, il se sentait incroyablement petit à cet instant.

Yuki était toujours plongé dans sa longue contemplation du pensionnat quand un homme arriva à son tour devant le portail. Il ne l’entendit pas arriver. Et ne réagit toujours pas quand il s’arrêta à ses côtés. Il était trop concentré sur ce portail pour détecter une présence quelconque. Il prit finalement conscience de sa présence quand celui-ci lui adressa la parole. Il eut alors un sursaut à peine perceptible, ne laissant pas transparaître la surprise sur les traits de son visage. Ne jamais laisser voir ses émotions par les autres. Une règle d’or dans son éducation. Petite règle qu’il respectait pas toujours d’ailleurs. Il n'aimait pas se montrer froid quand cela n'était pas nécessaire. Il retira la sucette de sa bouche pour ne pas paraître impoli et tourna son regard bleu vers l’inconnu. Un inconnu plutôt grand d‘ailleurs. Il dut donc lever la tête pour voir le visage de l’homme. Il le dévisagea quelques instants, observant attentivement le moindre détails de ce visage. Ces traits lui semblaient familiers. Il réfléchit, fouillant dans sa mémoire pour savoir où il avait bien put voir cette personne. Après quelques instants de réflexions, il trouva enfin. Il avait vu cet homme sur le bateau qui l’avait amené ici. Il avait observé pendant un bon moment les autres passagers pour s'occuper un peu et cet homme était l’un d’entre eux. Yuki avait observé beaucoup de passagers, mais il n’avait parlé à aucun d’eux. Trop intimidé pour cela. Conscient de son regard toujours posé sur l'homme, il tourna la tête pour porter de nouveau son regard sur le portail. Que répondre à cet homme? Pour la deuxième question, pas besoin de trouver une réponse, un regard sur la grille y répondait. Mais pour la première question...Il se décida tout de même à répondre parce que l’inconnu à ses côtés allait bientôt le croire muet.

-Bonjour…

Sa voix douce laissait entendre un léger accent anglais qu’il n’arrivait pas à faire disparaître. Mais d’après sa grand-mère, cet accent ne faisait qu’ajouter à son charme. Alors il avait décidé de ne plus s’en préoccuper.

-Comme vous avez put le constater par vous-même, ce portail n’est point verrouillé. Je suis simplement à la recherche d’une once de courage.

Il leva la tête vers l’inconnu et lui offrit un léger sourire. Sa façon de parler n’était certainement pas la même que celle des autres étudiants de ce pensionnat mais il n’y pouvait rien. Une éducation comme la sienne laisse des marques. Mais il espérait que son séjour loin de tout son petit monde d’avant lui permettrait de changer. Oui. Il l’espérait sincèrement. Il remit sa sucette dans sa bouche avant de baisser les yeux. Il se sentait soudain un peu stupide d’avoir sortit une telle phrase. Il disait vouloir trouver du courage alors qu’il ne s’agissait que d’entrer dans un pensionnat. N’importe quelle personne pouvait trouvé cela étrange. Mais personne ne pouvait savoir ce que représentait ce portail pour lui. Le fait de le franchir allait changer sa vie et il ne savait plus s’il en était réellement capable. Il doutait de lui et ça le rendait nerveux. Il tritura sa boucle d’oreille. Voilà un petit tic qui n’allait sûrement plus le lâcher. Il releva les yeux et fixa intensément le portail. Comme si ce dernier allait lui donner réponse à ses doutes.